Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 9-10.djvu/487

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gny un regard empreint d’une joie diabolique, disparut rapidement ; la porte se referma, le père d’Aigrigny et le maréchal Simon restèrent seuls.

Le père de Rose et de Blanche était presque méconnaissable : ses cheveux gris avaient complètement blanchi ; sur ses joues pâles, marbrées, décharnées, pointait une barbe drue, non rasée depuis quelques jours ; ses yeux, caves, rougis, ardents et extrêmement mobiles, avaient quelque chose de farouche, de hagard ; un ample manteau l’enveloppait, et c’est à peine si sa cravate noire était nouée autour de son cou…

Rodin en sortant avait comme par inadvertance fermé au dehors la porte à double tour.

Lorsqu’il fut seul avec le jésuite, le maréchal fit d’un geste brusque tomber son manteau de dessus ses épaules, et le père d’Aigrigny put voir, passées à un mouchoir de soie qui servait de ceinture au père de Rose et de Blanche, deux épées de combat nues et affilées.

Le père d’Aigrigny comprit tout.

Il se rappela que, plusieurs jours auparavant, Rodin lui avait opiniâtrement demandé ce qu’il ferait si le maréchal le frappait à la joue… Plus de doute, le père d’Aigrigny, qui avait cru tenir le sort de Rodin entre ses mains, était