Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 9-10.djvu/52

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tendre fils. Oubliez cet ami parjure… Oubliez cet infâme, que tôt ou tard la vengeance de Dieu atteindra, car il s’est joué d’une manière odieuse de votre noble confiance… Oubliez aussi cette malheureuse femme, dont le crime a été bien grand, car, pour vous, elle a foulé aux pieds des devoirs sacrés, et le Seigneur lui réserve un châtiment terrible ;… et un jour…

M. Hardy, interrompant de nouveau le père d’Aigrigny, lui dit avec un accent contenu, mais qui trahissait une émotion déchirante :

— C’est trop ;… vous ne savez pas, mon père, le mal que vous me faites ;… non… vous ne le savez pas…

— Pardon ! oh ! pardon, mon fils ;… mais, hélas ! vous le voyez… le seul souvenir de ces attachements terrestres vous cause encore, à cette heure, un ébranlement douloureux… Cela ne vous prouve-t-il pas que c’est au-dessus de ce monde corrupteur et corrompu qu’il faut chercher des consolations toujours assurées ?

— Oh ! mon Dieu !… les trouverai-je jamais ? s’écria le malheureux avec un abattement désespéré.

— Si, vous les trouverez, mon bon et tendre fils…, s’écria le père d’Aigrigny avec une émotion admirablement jouée, pouvez-vous en douter ? Oh ! quel beau jour pour moi que celui où,