Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 9-10.djvu/520

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sa respiration s’arrêta, ses yeux se fermèrent, et il fut forcé de s’appuyer sur le bras du bon petit père Caboccini, en lui disant d’une voix altérée :

— C’est singulier… je me croyais… plus fort contre les émotions… Ce que je ressens est extraordinaire.

Et la lividité naturelle du jésuite augmenta tellement, il fut agité de frémissements convulsifs si saccadés, que le père Caboccini s’écria tout en le soutenant :

— Mon cher père… revenez à vous… revenez à vous ; il ne faut pas que l’ivresse du succès vous trouble à ce point…

Pendant que le petit borgne donnait à Rodin cette preuve de sa tendre sollicitude, Samuel s’occupait de replacer les titres et les valeurs dans la cassette de fer.

Rodin, grâce à son indomptable énergie et à l’indicible joie qu’il ressentait en se voyant sur le point de toucher à un but si ardemment poursuivi, Rodin surmonta cet excès de faiblesse, et se redressant, calme et fier, il dit au père Caboccini :

— Ce n’est rien… je n’ai pas voulu mourir du choléra, ce n’est pas pour mourir de joie le 1er juin.

Et en effet, quoique d’une lividité effrayante,