Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 9-10.djvu/522

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Et le père Caboccini tendit le rescrit à Rodin pour que celui-ci pût y lire la signature du général de la compagnie.

Samuel, vivement intéressé par cette scène, laissant la cassette entr’ouverte, se rapprocha de quelques pas.

Tout à coup Rodin éclata de rire… mais d’un rire de joie, de mépris et de triomphe, impossible à rendre.

Le père Caboccini le regardait avec un étonnement irrité, lorsque Rodin, se grandissant encore, et redevenant plus impérieux, plus hautain, plus souverainement dédaigneux que jamais, écarta du revers de sa main crasseuse le papier que lui tendait le père Caboccini, et lui dit :

— De quelle date est ce rescrit ?

— Du 11 mai…, dit le père Caboccini stupéfait.

— Voici un bref que j’ai reçu cette nuit de Rome ; il est daté du 18… et m’apprend que je suis nommé général de l’ordre… Lisez…

Le père Caboccini prit la cédule, lut, et resta d’abord atterré.

Puis il rendit humblement le rescrit à Rodin, en ployant respectueusement le genou devant lui.

Ainsi se trouvait accomplie la première visée