Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 9-10.djvu/537

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levé la tête, on put voir, en effet, deux larmes qui coulaient de ses joues sur sa moustache blanche…

« — Ce n’est rien… mes enfants, dit-il d’une voix émue, ce n’est rien ;… mais c’est aujourd’hui… le 1er juin ;… et il y a quatre ans… »

« Il ne put achever ; et comme il portait les mains à ses yeux pour essuyer ses larmes, on s’aperçut qu’il tenait une petite chaîne de bronze à laquelle une médaille était suspendue.

« C’était sa relique la plus chère ; car, il y a quatre ans, presque mourant du chagrin désespéré que lui causait la perte de ces deux anges, dont je vous ai tant de fois parlé, mon ami, il avait trouvé au cou du maréchal Simon, ramené mort après un combat à outrance, cette médaille que ses enfants avaient si longtemps portée.

« Je descendis à l’instant, comme bien vous pensez, mon ami, afin de tâcher aussi de calmer les douloureux ressouvenirs de cet excellent homme ; peu à peu en effet ses regrets s’adoucirent, et la soirée se passa dans une tristesse pieuse et calme.

« Vous ne sauriez croire, mon ami, lorsque je fus remonté dans ma chambre, toutes les cruelles pensées qui me revinrent en songeant