Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 9-10.djvu/539

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« Je ne sais si je vous ai dit, mon ami, que, par suite de ces sinistres événements, voyant Dagobert et sa femme, ma mère adoptive, réduits à la misère, la douce Mayeux pouvant vivre à peine d’un salaire insuffisant, Agricol bientôt père, et moi-même révoqué de mon humble cure et interdit par mon évêque pour avoir donné les secours de notre religion à un protestant, et pour avoir prié sur la tombe d’un malheureux poussé au suicide par le désespoir, me voyant moi-même, en raison de cette interdiction, bientôt sans ressources, car le caractère dont je suis revêtu ne me permet pas d’accepter indifféremment tous les moyens d’existence, je ne sais si je vous ai dit qu’après la mort de mademoiselle de Cardoville, j’ai cru pouvoir distraire, de ce qu’elle m’avait confié pour être employé en bonnes œuvres, une somme bien minime dont j’ai acquis cette métairie au nom de Dagobert.

« Oui, mon ami, telle est l’origine de ma fortune ; le fermier qui faisait valoir ces quelques arpents de terre a commencé notre éducation agronomique ; notre intelligence, l’étude de quelques bons livres pratiques l’a achevée ; d’excellent artisan, Agricol est devenu excellent cultivateur ; je l’ai imité ; j’ai mis avec zèle la main à la charrue sans déroger, car ce labeur