Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 9-10.djvu/542

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licité un peu égoïste ; mais, hélas ! les moyens nous manquent, et, quoique le pauvre trouve toujours une place à notre table frugale et un abri sous notre toit, il nous faut renoncer à toute grande pensée d’action fraternelle… Le modique revenu de notre métairie suffit rigoureusement à nos besoins…

« Hélas ! lorsque ces pensées me viennent, malgré les regrets qu’elles me causent, je ne puis blâmer la résolution que j’ai prise de tenir fidèlement mon serment d’honneur, sacré, irrévocable, de renoncer à cette succession devenue immense, hélas ! par la mort des miens. Oui, je crois avoir rempli un grand devoir en engageant le dépositaire de ce trésor à le réduire en cendres, plutôt que de le voir tomber entre les mains de gens qui en eussent fait un exécrable usage, ou de me parjurer en attaquant une donation faite par moi librement, volontairement, sincèrement…

« Et pourtant, en songeant à la réalisation des magnifiques volontés de mon aïeul, admirable utopie, seulement possible avec ces ressources immenses, et que mademoiselle de Cardoville, avant tant de sinistres événements, pensait à réaliser avec le concours de M. François Hardy, du prince Djalma, du maréchal Simon, de ses filles et de moi-même ; en son-