Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 9-10.djvu/549

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

sans trêve ni repos, et ton travail, fécond pour tous, pour toi seul sera stérile, et chaque soir, en te jetant sur la terre dure, tu ne seras pas plus près d’atteindre le bonheur et le repos, que tu n’en étais près la veille, en revenant de ton labeur quotidien… Ton salaire t’aura suffi à entretenir cette vie de douleurs, de privations et de misère… »

— Hélas !… hélas !… en sera-t-il donc toujours ainsi ?…

— Non, non, mon frère, au lieu de pleurer sur ceux de votre race, réjouissez-vous en eux ; s’il a fallu au Seigneur leur mort pour votre rédemption, le Seigneur, en rédimant en vous l’artisan maudit du ciel… rédimera aussi l’artisan maudit et craint de ceux qui le soumettent à un joug de fer… Enfin… mon frère… les temps approchent… les temps approchent ;… la commisération du Seigneur ne s’arrêtera pas à nous seuls… Oui, je vous le dis, en nous seront rachetés et la femme et l’esclave moderne. L’épreuve a été cruelle, mon frère ;… depuis tantôt dix-huit siècles… elle dure ;… mais elle a assez duré… Voyez, mon frère, voyez à l’orient cette lueur vermeille, qui peu à peu gagne… gagne le firmament… Ainsi s’élèvera bientôt le soleil de l’émancipation nouvelle, émancipation pacifique, sainte, grande, salu-