Page:Swinburne - Ode à la statue de Victor Hugo, 1882, trad. Dorian.djvu/21

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


4

Les pauvres, les honteux, la plèbe âpre et vulgaire,
Écoutent ta parole auguste les bénir ;
Quand l’empire entendit, tel qu’un cheval de guerre,
Ton clairon furieux dans leurs combats hennir,
Tes appels les poussaient à mille assauts sublimes,
Et cet arbre de mort, déraciné par toi,
S’effondrant sous l’orage enflammé de tes rimes,
Disparut tout entier dans un rapide effroi !

5

Tu plantes à présent le cèdre du refuge,
Dont le fruit est amour et la racine espoir ;
Et nous, tes fils, ô Maître, auprès de notre juge
Nous contemplons émus la beauté de ton soir.
Devant ton infini l’amour lui-même hésite.
Nous avons adoré la nuit de ton exil :
Mais quel verbe osera, dans quel mystique rite,
Te chanter sur un mode héroïque et subtil !