Page:Swinburne - Ode à la statue de Victor Hugo, 1882, trad. Dorian.djvu/22

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6

Tout l’azur sombre, avec les globes d’or des mondes,
N’étincelle pas plus de feux amoncelés
Que ne fait l’harmonie à tes lèvres fécondes,
Quand tu verses l’aurore aux peuples consolés,
Fleuve empli de clartés qui déborde l’enceinte
De l’art antique, et s’enfle en chant torrentiel,
Flots sur flots, — flots sur flots de pourpre et d’hyacinthe, —
Sonores, radieux, escaladant le ciel.

7

Et les bornes s’en vont sous l’immense marée
Qui s’élève et grandit avec les mois, les jours…
Les suprêmes hauteurs sous la vague sacrée
S’affalent ; elle monte, elle monte toujours !
Et puis, des profondeurs d’en haut, pluie abondante
Elle retombe et coule en baumes guérisseurs,
Répandant le pardon de la clémence ardente
Jusque sur les rois même et sur les oppresseurs.