Page:Tailhade - Quelques fantômes de jadis (1920).djvu/101

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débardeurs et les Messieurs du Dimanche.

Car, dans la familiarité de Verlaine, ingurgitation des spiritueux, visites aux cabarets les moins respectables s’inscrivaient au premier rang des nécessités journalières. Tout en exploitant avec beaucoup d’industrie et d’à-propos le succès foudroyant qui se levait sur lui, Verlaine continuait à satisfaire ses goûts de crapule et d’ivrognerie. Il traînait, du Café François-Premier à l’« Académie » de la rue Saint-Jacques, une séquelle de pierreuses en cheveux et d’éphèbes aux ongles noirs, qui ne rappelaient que fort approximativement le Bacchus de Léonard ou les jeunes hommes de Platon. Lui-même, sordide, avec, sous un chapeau crasseux, le cache-nez d’un allumeur de réverbère et la barbe de Vireloque, donnait à son escorte l’exemple du sans-gêne, de la malpropreté. Ce n’était affectation ni fanfaronnade, mais un très sincère appétit de l’ivrognerie abjecte et de la mauvaise compagnie. Au milieu de ce cortège, apparaissaient quelquefois des curieux, des enthousiastes, des étrangers que le désir de voir, d’entendre le poète séra-