Page:Tailhade - Quelques fantômes de jadis (1920).djvu/104

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moite, le cheveu rare et gras, les genoux cagneux et le regard stupéfait, le nez en pied de marmite et la bouche déhiscente, jadis meunier, avant de professer, comme instituteur à la laïque de Saint-Denis, sa préoccupation maîtresse, le dandysme, induisait Baju à vêtir les plus étranges hardes. On le rencontrait, harnaché d’un inexpressible caca d’oie, que rehaussait encore une bande large de satin vieil or ou de velours cerise. « Car, disait-il, pour obtenir des femmes la soumission d’esclave à laquelle nous avons droit, il convient de séduire leur imagination et de flatter leurs yeux. » Le ridicule factum de Barbey d’Aurevilly sur Brummel était son livre de chevet. Au surplus, quoique revenant du moulin, Baju croyait devoir à sa propre élégance de traîner Zola dans la boue et d’épancher, dans un périodique, le trop-plein de son génie. Ainsi Le Décadent fut fondé. Verlaine lui souhaita la bienvenue ; il lui donna des vers, entre autres cette ballade : Louise Michel est très bien. Ernest Raynaud y collabora ; quelques autres poètes encore, si bien que le nom resta et que La