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quarantaine que son fils avait dépassée — et de plusieurs longueurs !

Le personnel de la Fronde dispersé, Marc de Montifaud disparut. Elle ne se montra guère à la Bibliothèque. Bientôt, le bruit de sa mort vint attrister ceux qui l’avait connue. Elle était « farce », pleine de drôlerie et de surprises, comme tous les êtres qui ont mené une existence décousue, au demeurant la meilleure femme du monde. Il est permis de croire que son ombre, vague et falotte, revient, dans les nuits fatidiques, tournoyer la valse macabre, avec les anciens habitués, dans la rotonde nocturne de la Bibliothèque, les habitués disparus comme elle depuis quelques hivers. Mais c’est dans nos esprits, surtout, qu’elles reviennent ces figures, tristes ou bouffonnes, de jadis. Notre souvenir est l’écran où se projettent les entrechats, les danses et les gestes d’outre-tombe, qui n’ont pas besoin d’autre mise en scène pour vivre leur nuit de Walpurgis.