Page:Tailhade - Quelques fantômes de jadis (1920).djvu/26

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ne l’approchions guère sans timidité, car c’était pour elle, pour cette femme effacée et tout de noir vêtue, que Verlaine repentant avait écrit les vers si doux qui nous frappaient au cœur :


Les chères mains qui furent miennes,
Toutes petites, toutes belles,
Après ces méprises mortelles,
Et toutes ces choses païennes,

Après les rades et les grèves.
Et les pays et les provinces.
Royales mieux qu’au temps des princes,
Les chères mains m’ouvrent les rêves.

Mains en songe, mains sur mon âme,
Sais-je, moi, ce que vous daignâtes,
Parmi ces rumeurs scélérates,
Dire à cette âme qui se pâme ?

Ment-elle, ma vision chaste
D’affinité spirituelle,
De complicité maternelle.
D’affection étroite et vaste ?

Remords si chers, peine très bonne,
Rêves bénis, mains consacrées,
O ces mains, ces mains vénérées,
Faites le geste qui pardonne !