Page:Tailhade - Quelques fantômes de jadis (1920).djvu/30

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idoles, mirent un peu d’humaine vérité dans la poésie artificielle en faveur il y a trente ans.

Chez lui, plus d’Apocalypse, plus d’archéologie ou d’exotisme. Après avoir montré qu’il était capable, autant et mieux que n’importe quel poète, de parler grec ou sanscrit, d’évoquer les fils de Raghû, les héritiers de Pélops, de faire métier d’émailleur, d’orfèvre et de miniaturiste, il brisait judicieusement le vers incassable du Parnasse, rompait les cadences monotones de ses prédécesseurs. Comme Richard Wagner avait désemprisonné la mélodie, il déliait le rythme poétique. Pour entendre et goûter le sien, il ne fallait plus qu’avoir l’oreille juste et se donner la peine d’écouter. Le vers ossifié, durci, sclérosé peut-on dire, par la technique parnassienne, reprenait avec lui son envol et sa fluidité. Ce n’était pas encore « le charme du vers faux », mais celui du mineur, de la sonorité atténuée où les fluides syllabes prêtent au langage plus d’harmonie et d’élasticité.

A force de rechercher la violence et l’ampleur du son, les poètes à la suite d’Hugo