Page:Tailhade - Quelques fantômes de jadis (1920).djvu/41

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il se meurt, il se pâme, transverbéré d’amour.

Poète admirable et spontané, il n’a que faire d’un travail soutenu. On l’imagine malaisément assis devant sa table, à des heures méthodiques, et reprenant le lendemain sa tâche de la veille.

La bohème, le désordre, la godaille populacière étaient le milieu propice à son génie. Il vivait naturellement parmi la crapule et trouvait, à l’assommoir, ses grâces les plus tendres, ses rythmes les plus purs. Il écrivait Green et couchait dans le ruisseau. Ce lys, naturellement, prospérait dans le fumier. Mais l’œuvre survit au poêle disparu. La mort purifie et, comme le tison du bûcher funèbre, laisse intacte la seule et pure essence des héros qu’elle a touchés. Par elle, Verlaine s’assied au rang des dieux.


La bonne flèche aiguë et sa fraîcheur qui dure


ont à jamais pénétré dans nos cœurs.

Cependant les forces inconscientes qui nous mènent impartissent le génie et la beauté avec un majestueux dédain. Qu’importe à