Page:Taine - Essais de critique et d’histoire, 1892.djvu/431

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SAINTE-ODILE ET IPHIGÉNIE EN TAURIDE Chaque année les pèlerins bouddhistes ou chré- tiens allaient par dévotion visiter quelque stupa, quelque chapelle particulièrement sainte, et re- nouveler leur âme au contact de leurs dieux. En- core aujourd’hui nous faisons comme eux. Si pro- fond que soit le travail des siècles, l’esprit et la nature sont toujours les mêmes, et l’ancien culte subsiste sous d’autres noms. Nous aussi, nous avons parfois besoin de quitter le tracas du monde et la routine des affaires, d’oublier les choses mo- mentanées et changeantes, de contempler les êtres fixes, éternellement jeunes, les puissances primi- tives, la grande source dont notre petite vie n’est qu’un flot. Ce sont là nos dieux, les mêmes que les dieux anciens, mais délivrés de leur enveloppe légendaire, plus beaux, puisqu’ils sont plus purs. Il ne faut pas chercher bien loin leur demeure :