Page:Taine - Le Positivisme anglais, 1864.djvu/25

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quelle école ? — De la sienne. Je vous ai dit qu’il est original. — Est-il hégélien ? — Oh ! pas du tout ; il aime trop les faits et les preuves. — Suit-il Port-Royal ? — Encore moins ; il sait trop bien les sciences modernes. — Imite-t-il Condillac ? — Non certes : Condillac n’enseigne qu’à bien écrire. — Alors quels sont ses amis ? — Locke et M. Comte au premier rang, ensuite Hume et Newton. — Est-ce un systématique, un réformateur spéculatif ? — Il a trop d’esprit pour cela : il ne fait qu’ordonner les meilleures théories et expliquer les meilleures pratiques. Il ne se pose pas majestueusement en restaurateur de la science ; il ne déclare pas, comme vos Allemands, que son livre va ouvrir une nouvelle ère au genre humain. Il marche pas à pas, un peu lentement, et souvent terre à terre, à travers une multitude d’exemples. Il excelle à préciser une idée, à démêler un principe, à le retrouver sous une foule de cas différents, à réfuter, à distinguer, à argumenter. Il a la finesse, la patience, la méthode et la sagacité d’un légiste. — Très-bien, voilà