Page:Taine - Le Positivisme anglais, 1864.djvu/47

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a l’air d’aligner des formules ; la vérité est qu’il y renferme l’univers.

Prenez, disent les logiciens, un animal, une plante, un sentiment, une figure de géométrie, un objet ou un groupe d’objets quelconques. Sans doute l’objet a ses propriétés, mais il a aussi son essence. Il se manifeste au dehors par une multitude indéfinie d’effets et de qualités, mais toutes ces manières d’être sont les suites ou les œuvres de sa nature intime. Il y a en lui un certain fonds caché, seul primitif, seul important, sans lequel il ne peut ni exister ni être conçu, et qui constitue son être et sa notion[1]. Ils appellent définitions les propositions qui la désignent, et décident que le meilleur de notre science consiste en ces sortes de propositions.

  1. Selon les logiciens idéalistes, on démêle cet être en consultant cette notion, et l’idée décomposée met l’essence à nu. Selon les logiciens classificateurs, on atteint cet être en logeant l’objet dans son groupe, et l’on définit cette notion en nommant le genre voisin et la différence propre. Les uns et les autres s’accordent à croire que nous pouvons saisir l’essence.