Page:Taine - Le Positivisme anglais, 1864.djvu/57

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il raisonne, consiste à reconnaître dans les individus ce qu’il a connu de la classe, à affirmer en détail ce qu’il a établi pour l’ensemble, à poser une seconde fois et pièce à pièce ce qu’il a posé tout d’un coup une première fois.

Point du tout, répond Mill, car si cela est, le raisonnement ne sert à rien. Il n’est point un progrès, mais une répétition. Quand j’ai affirmé que tous les hommes sont mortels, j’ai affirmé par cela même que le prince Albert est mortel. En parlant de la classe entière, c’est-à-dire de tous les individus, j’ai parlé de chaque individu, et notamment du prince Albert, qui est l’un d’eux. Je ne dis donc rien de nouveau maintenant que j’en parle. Ma conclusion ne m’apprend rien ; elle n’ajoute rien à ma connaissance positive ; elle ne fait que mettre sous une autre forme une connaissance que j’avais déjà. Elle n’est point fructueuse, elle est purement verbale. Donc, si le raisonnement est ce que disent les logiciens, le raisonnement n’est point instructif. J’en sais autant en le commençant qu’après