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17 septembre 1623[1]. Dix jours plus tard, Peiresc, étant encore au château de Cadillac, adressait à M. de La Houssaye à Bordeaux[2] cette lettre que je détache du recueil en préparation des lettres choisies du plus illustre de tous les abbés de Guîtres :

« Monsieur, encores que mes importunes affaires ou pour mieux dire ma mauvaise fortune m’ayent envié le contentement de vous gouverner et desrober quelque heure dans vostre cabinet entre vos muses et entre vos raretez[3], si ne laisray-je pas de me porter pour vostre serviteur, et en cette qualité je vous supplie de m’excuser si j’ay si mal satisfaict à mon debvoir et de me condampner en revanche à tout ce que bon vous semblera. Aussy bien suis-je resolu de vous servir en tout ce qui me sera possible et que vous disposiez de moy avec toute autorité. M. le prieur de Guistres[4] present porteur vous baillera un petit dis-

  1. On ne connaissait pas le séjour de Peiresc dans la princière demeure du duc d’Épernon. Gassendi lui-même, le si exact biographe de son meilleur ami, se contente de dire que Peiresc, revenant de Paris, où il avait passé plus de sept années, s’arrêta successivement à Orléans, à Angers, à Tours, à Bordeaux et à Toulouse, et qu’il reçut partout, mais notamment en ces deux dernières villes, des témoignages de considération et de bienveillance des hommes les plus distingués par leur rang et par leur savoir. (Viri illustris Nicolai Claudii Fabricii de Peiresc, senatoris Aquisextiensis vita ; La Haye, 1651, p. 282).
  2. Je ne sais rien de ce M. de La Houssaye et je serais fort heureux que quelqu’un voulût bien me le présenter.
  3. Ce qui redouble mon désir de connaître M. de La Houssaye, c’est que, comme l’indique cette phrase, c’était à la fois un poète et un archéologue, dans tous les cas un collectionneur et un curieux, « le seul curieux », écrivait Peiresc à de Vris, le 8 juin 1626, « que j’aie vu à Bordeaux durant le peu de séjour que j’y fis ».
  4. Jean Duval, religieux de l’abbaye de Caunes, au diocèse de Narbonne, nommé prieur de Guîtres par Jean d’Alibert, abbé de Caunes, le 28 mai 1623. Peiresc confirma cette nomination et fit le P. Duval son vicaire général par un acte daté de Paris le 1erjuillet de la même année. Cependant le P. Duval ne prit possession réelle que le 23 juin de l’année suivante 1624. (Bibliothèque de Carpentras, Manuscrits de Peiresc, Registre LI, fo 139, 140.)