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ait manqué que la fortune. J’espère que dans peu de temps elle réparera l’infidélité qu’elle vous a faite et que par quelque chose d’extraordinaire elle se réconciliera bien tost avecque vous. Je le souhaite plus ardemment que je nay rien désiré de ma vie et avec toute la passion que vous pouvés vous imaginer en une personne qui est par tant de raisons,

Monseigneur,
Votre tres humble et tres obéissant serviteur,
Voiture[1].

À Montpellier, le 13 de juin (1642)[2].



III

À Monseigneur le duc de Gramont, mareschal de France.


Monseigneur,

Trouvés bon que j’accompagne le présent de monsieur de Forgues[3] d’un autre petit présent qui peut-estre ne vous sera pas

  1. Je ne crois pas que dans tout le recueil des lettres de Voiture il y en ait une seule qui soit mieux écrite que celle-ci. Grave, éloquente, elle est vraiment digne d’être adressée à celui dont Mme  de Motteville, si bon juge des choses de l’esprit, a vanté l’éloquence. (Mémoire, t. i. p. 354.) Je me permettrai de renvoyer le lecteur qui voudrait bien connaître Voiture aux deux volumes des lettres de Chapelain dont je viens d’achever la publication. On y trouvera cent piquants détails sur l’ami de Mlle  Paulet. J’ai dit dans une note du premier volume de mon recueil (p. 148) « M. Dusevel, membre non résidant du Comité des travaux historiques, a publié, dans les Mémoire de l’Académie d’Amiens, une notice intitulée Voiture jugé par Balzac, composée à l’aide de renseignements puisés dans la correspondance inédite de Balzac, que renferme le tome i des nouveaux Mélanges historiques (1873). Espérons que le même érudit pourra donner une suite à son étude sous le titre de Voiture jugé par Chapelain. » M. Dusevel est malheureusement mort avant la publication de mon second volume. Mais quelque autre érudit de Picardie nous fournira sans doute l’occasion de citer, à cet égard, le mot de Virgile sur le rameau d’or « Uno avulso non deficit alter. »
  2. Voiture passait par Montpellier en allant en Espagne et en revenant de ce pays. où il fut si souvent chargé de petites missions diplomatiques.
  3. Il s’agit là de Bernard de Forgues, maréchal des camps et armées du roi, qui avait épousé la nièce de Balzac, Mlle de Campaignol, laquelle par un envoi de fleurs a inspiré à son oncle une des plus jolies lettres du grand recueil de 1665. (À Mademoiselle de Campagnole, 15 décembre 1637, p. 442).