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PREMIÈRE PARTIE



I

Au Citoyen Raguet Delépine
Place Victoire


Votre oncle et ami Beaumarchais et votre tante[1], vous font part de la cessation des souffrances de leur Sœur et Belle-Sœur hier 24 floréal a[2] 8 heures et demie du soir, le 44e jour de sa maladie.

An 6[3].

Vous êtes invité instamment a venir les aider a lui rendre les derniers devoirs : et a vous rendre porte Antoine[4] entre onze heures et midi en habit convenable[5].

  1. C’était Marie-Thérèse-Émilie Willer-Mawlay, née à Lille le 13 novembre 1753, morte à Paris le 1er avril 1816. Avant d’épouser cette fille d’un Suisse du canton de Fribourg (8 mars 1786), Beaumarchais avait été marié successivement avec deux veuves, Madeleine-Catherine Aubertin, veuve Franquet (27 novembre 1757) et Geneviève-Madeleine Wattebled, veuve Lévesque (11 avril 1768). L’heureux Beaumarchais épousa tour à tour trois jolies femmes. Leur beauté est attestée par Gudin de La Brenellerie (Histoire de Beaumarchais. Mémoires inédits publiés sur les manuscrits originaux, par Maurice Tourneux, Paris, Pion, 1888, pp. 12, 52, 108, 289). Les autres biographes de Beaumarchais confirment ce triple témoignage.
  2. Beaumarchais, en cette lettre comme en la suivante, ne met jamais d’accent sur la préposition a.
  3. Marie-Julie, née le 24 décembre 1735, fut la collaboratrice aux Mémoires de son frère. Le billet de faire-part complète, en ce qui regarde la date du décès de Marie-Julie, les renseignements fournis par Jal (Dictionnaire critique de biographie et d’histoire).
  4. La République, qui faisait encore la guerre aux saints, ne permettait pas qu’on donnât à la fameuse porte tout son nom. Me rendrai-je coupable d’un jugement téméraire en avançant qu’une telle abréviation sourirait à certains membres du conseil municipal de la Ville-Lumière ?
  5. Cette recommandation n’est-elle pas… ? je dirais amusante, s’il ne s’agissait pas d’une cérémonie lugubre.