Page:Tamizey de Larroque - Une petite gerbe de billets inedits : Beaumarchais, sa femme, Mme Campan.djvu/16

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ses affaires, et mon revenu en places et en pension suffisant à la modération de mes désirs je demandai et j’obtins ma séparation des biens. En 1791, feu M. Campan, sécretaire (sic)[1] du cabinet de la ci-devant Reine auquel on supposoit une grande fortune mourut insolvable, son fils renonça à sa succession, et moi ayant eu par foiblesse la condescendance d’endosser pour mon beau-père pour 24,000 fr. d’effets, je me suis trouvée nonseulement ruinée par la ruine du père et du fils, mais chargée pour faire honneur à ma signature du payement de 24,000 fr. dans un temps où je restois sans aucune ressource, la journée du 10 aoust m’ayant fait perdre à la fois, pensions, appointements, logement et mobilier, car je fus pillée. M. Campan laissa sa succession en déficit de plus de deux cent mille livres, ses amis, ses anciens domestiques, ses enfans enfin ont tous payé la mauvaise administration de ses biens. Mais vous devez bien penser que les dettes de M. Campan me sont étrangères sauf celles qui pour mon malheur m’étoient devenues personnelles par mon acceptation, c’est-à-dire ma signature. Je vois donc avec regret, Monsieur, que vous êtes rangé dans les nombreux créanciers qu’il a laissés, mais je ne conçois pas que M. Auguie ait pu vous dire de m’adresser la notte de ce qui vous est du, car il sait bien que je ne payerai jamais une seule dette de mon beau-père, et que ni l’honneur ni les loix ne peuvent ni me déterminer, ni me contraindre à les payer[2]. Je vous prie, Monsieur, d’être persuadé

    Victoire, M. Campan dont le père était secrétaire du cabinet de la reine. F. Barrière, auteur de la meilleure notice qui existe sur Madame Campan (en tête des Mémoires sur la vie de Marie-Antoinette, Paris, Didot, 1855), dit (p. 20) : « MM. Campas, originaires de la vallée de Campan, dans le Béarn, en avaient pris le surnom. Leur nom véritable était Berthollet. Le célèbre chimiste que les sciences ont perdu en 1822 était leur parent. »

  1. Pour une institutrice, pour une surintendante de la maison d’Écouen, l’accent est bizarrement placé sur la première syllabe du mot secrétaire. On ne sera pas moins étonné, un peu plus loin, de la forme donnée au mot pénible, forme que je ne retrouve dans aucun de nos auteurs.
  2. Ces détails autobiographiques complètent ce que l’on a écrit sur Madame