Page:Tamizey de Larroque - Une petite gerbe de billets inedits : Beaumarchais, sa femme, Mme Campan.djvu/21

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Je suis toujours à l’avant-garde et toujours je me porte bien à fatigues près.

Je ne vous parle ici que des succès de l’aile gauche, commandée par le lieutenant-général Grenier ; le lieutenant-général Le Courbe qui commande la droite et le centre, commandé directement par le général Moreau, ne cessent comme nous de battre et d’enlever à l’ennemi, armes, bagages, canons, chevaux et un nombre étonnant de prisonniers.

Du 3. Nous marchons en avant pour battre de rechef l’ennemi[1].

  1. Sur la lettre même du général Husson, son correspondant a tracé ces quatre lignes : « Au citoien Dubois, directeur du Journal de Paris. Rue Fraisnée, maison curiale. — Lépine a l’honneur d’envoyer une lettre à M. Dubois. S’il la juge intéressante pour son journal cela fera plaisir peut-être à beaucoup de lecteurs. — Ce 16 nivôse. » Dubois inséra-t-il le bulletin de victoire ? Je n’ai pu, loin de toute grande bibliothèque, m’en assurer et je laisse le soin de la vérification aux curieux qui pourront aborder la collection du Journal de Paris. Du récit du général Husson, écrit après Hohenlinden, je rapprocherai un billet dont la signature est illisible et qui, quoique émanant d’un général en chef, ne roule que sur une affaire d’horlogerie : « Au citoyen Lépine, horloger, place des Victoires-Nationales, à Paris. — Quartier général à Cologne, le 14 brumaire an 3e. Je vous ai envoyé, il y a quinze jours, mon cher concitoyen, par l’un des courriers de l’armée, 40 pièces de 24 livres pour la belle et excellente montre que vous m’avés faitte. Je n’entend plus parler ni du courrier, ni des quarante louis, ni de la montre et je ne sçais pas ce que cela veut dire. Je vous prie de me mander si le courrier s’est présenté chés vous et si vous en avez eu connaissance. Vous obligerez infiniment le général en chef… Reproduisons encore un billet écrit par un prisonnier, du nom de Pin, sur lequel je ne puis rien dire, sinon que son aventure prouve une fois de plus que jamais on n’eut moins de liberté qu’à l’époque où l’on inscrivait ce nom sacré sur toutes les murailles, même sur les murailles des prisons :
    Au citoyen Lépine
    Horloger, place des Victoires, no 12, Paris
    Ce 19 pluviose
    Citoyen, depuis que nous ne nous sommes pas vus j’ai toujours été enfermé en prison et j’y suis encore Dieu sait pour combien de tems sans être jugé, ni interrogé, et sans savoir même les motifs de mon arrestation. Voilà, mon ami, où la Révolution m’a conduit ; je ne me plains pas et je sais souffrir. Je suis dans la dernière misère ; une année de captivité m’a conduit à manquer de tout ; je suis couvert de haillons, malingre, et presque infirme. Il ne me reste