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par exemple, comme effet de l’excès de la chaleur ou de la sécheresse, comme résultat de la surabondance ou du défaut de nourriture, comme siège, dans le sang, la moelle ou l’encéphale. Elle peut aussi provenir de causes extérieures, qualité des eaux, pays, fatigues, nécessité, etc. La santé consiste dans un tempérament proportionné des qualités. »

Censorinus, d’après une autorité remontant à la source même d’Aétius, corrige toutefois ou étend quelques-uns des renseignements qui précèdent. Ainsi il donne Alcméon comme rejetant l’opinion d’Hippon, qui croyait que le sperme provenait de la moelle épinière ; comme admettant que les femelles émettaient une liqueur séminale aussi bien que les mâles, et attribuant le sexe de l’enfant à la prédominance de la liqueur de l’un ou de l’autre des deux parents ; enfin comme avouant qu’il ne savait rien de précis sur la formation du fœtus et croyant qu’il est impossible de reconnaître quelle partie s’y constitue la première.

4. Ce court résumé a une caractéristique bien nette qui dérive de la profession d’Alcméon ; les questions cosmologiques, qui ont à peu près exclusivement préoccupé les premiers Ioniens, sont très écourtées ; nous voyons au contraire apparaître pour la première fois des problèmes d’ordre physiologique, qu’à la suite du médecin de Crotone reprendront Parménide et Empédocle, mais que négligeront, au contraire, les pythagoriens de l’âge suivant.

Avant d’examiner, comme nous nous le proposons, jusqu’à quel point Parménide a confirmé son exposition poétique aux doctrines de son précurseur sur ces questions, il convient de rechercher jusqu’à quel point Alcméon lui-même peut être considéré comme témoin pour les opinions physiques de Pythagore. Après avoir remarqué que la tradition nous montre le Maître comme s’étant sérieusement préoccupé de la médecine, qu’elle nous indique, parmi ses disciples immédiats, l’existence d’un important groupe médical qui, un siècle après, n’aura plus un seul représentant, revenons au témoignage d’Aristote :

« (Métaphys., I, 5.) D’autres pythagoriens admettent les dix principes qu’on appelle coordonnés (κατὰ συστοιχίαν) : limite-infini, impair-pair, un-pluralité, droit-gauche, mâle-femelle, en repos-en mouvement, droit-courbe, lumière-obscurité, bon-mauvais, carré-oblong. Ce semble avoir été à peu près l’opinion d’Alcméon de Crotone, soit qu’il la leur ait empruntée, soit qu’au contraire