Page:Tannery - Pour l’histoire de la science Hellène.djvu/224

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concordent pour écarter l’opinion qu’il aurait considéré la lumière de la lune comme empruntée au soleil ; la lune serait de feu ou plutôt formée par un mélange d’air (élément dense) et de feu (élément subtil); elle est issue de la voie lactée, de même que le soleil, mais elle provient d’une partie où l’élément dense et obscur dominait davantage; les particularités qu’elle offre sont la conséquence de ce mélange, et Parménide l’aurait, par suite, appelée astre à fausse lumière (t|>eo3o?avî)). En somme, ces données ne nous conduisent ni à l’hypothèse d’Anaximène ni à la théorie d’Anaxagore, mais bien à l’explication d’Alcméon ou à celle de Bérose. Nous sommes donc ramenés pour Pythagore à ces mêmes explications qui ne diffèrent qu’en ce que, dans la seconde, la forme sphérique est nettement attribuée à la lune et que, dans la première, la figure de cet astre est plus ou moins laissée indécise.

Le choix entre ces deux explications est passablement douteux. Quand Éd. Zeller (I, 405, note 2) dit que les pythagoriens ont dû attribuer au soleil la même forme qu’à la lune, qu’ils se représentaient incontestablement comme une sphère, ce raisonnement n’est valable qu’à partir d’une époque inconnue. On pourrait plutôt le retourner et dire que, s’il était démontré que les pythagoriens donnaient au soleil la forme d’une sphère, il deviendrait très probable qu’ils faisaient de même pour la lune; mais l’indication que donne Aétius dans ce sens (II, 22) ne peut être accueillie sans contrôle, car elle peut se rapporter à des pythagoriens même postérieurs à Philolaos; d’autre part, il peut y avoir confusion avec la sphère du soleil, suivant les conceptions développées par Eudoxe, Callippe et Aristote.

Non seulement Alcméon croyait le soleil plat, mais ce qu’en dit Parménide n’est guère conciliable avec la forme sphérique, et pour la lune, Anaxagore et Empédocle lui donnaient encore la figure d’un disque. Ils n’avaient donc pas tiré, de l’explication des phases et des éclipses, la conséquence de la sphéricité que nous en voyons déduite par Aristote, au moyen d’une démonstration à laquelle se serait d’ailleurs prêtée de même l’hypothèse de Bérose; la théorie scientifique des phases ne semble pas avoir été réellement faite avant Philippe de Locride, disciple de Platon. A la vérité, du moment où Philolaos faisait mouvoir la terre Bphérique autour du feu central, il est assez croyable que par analogie il admettait aussi la forme sphérique pour la lune, le soleil et les autres planètes; mais avant lui, le cas était différent et, quant à Pythagore, en