Page:Tannery - Pour l’histoire de la science Hellène.djvu/240

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
228
POUR L’HISTOIRE DE LA SCIENCE HELLÈNE.

à une secte. Parménide a écrit sa physique comme un pythagorien l’eût fait ; il n’a donc pas échappé à la loi fatale ; il faut donc le regarder comme un sectaire ; mais il n’en est pas moins beaucoup plus fidèle au dogme primitif que tout autre sectaire connu, et surtout que Philolaos.


8. Je ne m’arrêterai pas longtemps à la donnée péripatéticienne d’après laquelle Parménide aurait donné à son élément subtil le rôle actif de cause, à son élément dense le rôle passif de matière. Éd. Zeller en a fait justice au fond ; quant à la possibilité qu’elle ait trouvé une apparente justification dans le langage de l’Éléate, il faudrait savoir comment il expliquait la genèse du monde et comment il en comprenait la destruction. À cet égard malheureusement, nous n’avons que quelques indices absolument insuffisants et dont nous ne pouvons même guère apprécier la valeur.

Censorinus (IV, 3) nous dit : « La première de ces opinions, à savoir que le genre humain aurait toujours existé, a eu pour auteurs Pythagore de Samos, Ocellus de Lucanie, Archytas de Tarente et en général tous les pythagoriens. Mais Platon d’Athènes, Xénocrate, Dicéarque de Messine et les philosophes de l’ancienne académie ne paraissent pas avoir pensé autrement. Enfin Aristote de Stagire, Théophraste et nombre d’autres péripatéticiens célèbres ont écrit dans le même sens. À ce sujet, ils disent qu’il est tout à fait impossible de déterminer si les oiseaux ou si les œufs ont été formés d’abord, puisqu’il ne peut y avoir d’œuf sans d’abord un oiseau, ni d’oiseau sans d’abord un œuf. Par suite, tous les êtres qui ont été ou seront jamais dans ce monde éternel n’ont eu aucun commencement, mais il y a un circulus d’engendrements et de naissances, où chacun d’eux trouve à la fois son origine et son terme. »

Les pythagoriens ont cependant exposé des genèses et Platon les a imités dans le Timée. Dès lors, même si ces genèses n’avaient qu’un sens mythique, Parménide, d’après son plan, devait en donner une ; il aurait même (5) parlé d’une destruction, mais sans s’expliquer davantage là-dessus.

Quant aux très vagues données qui se rapportent à ce sujet dans sa doxographie, elles n’ont guère de caractères qui permettent de les rattacher à quelque autre physique particulière. Cependant j’ai déjà signalé (p. 216) la corrélation entre les couples mâle-femelle, froid-chaud, d’après laquelle il faisait naître à l’origine les mâles