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POUR L’HISTOIRE DE LA SCIENCE HELLÈNE.

comme négation du dynamisme déjà affirmé ; il date de l’école atomiste. Il est à noter que le pythagorien Ecphante, qui adopta la physique de cette école[1], conserve le principe du dynamisme comme cause du mouvement (Philosophum., 15).

13. Il me paraît inutile de m’arrêter davantage sur ce point, où Parménide se sépare si évidemment de la tradition d’Anaximandre. J’arrive à l’autre divergence, moins remarquée, mais également caractéristique.

Le peu que nous savons des premiers Ioniens nous permet de constater qu’ils jugeaient du jour et de la nuit comme le vulgaire l’a toujours fait avec raison, qu’ils attribuaient l’un à la présence du soleil au-dessus de l’horizon, l’autre à son absence. Chez Parménide, nous allons rencontrer une conception passablement singulière, quoiqu’elle puisse se rallier à sa théorie de la perception du semblable par le semblable.

L’atmosphère qui nous environne pendant le jour (couronne ignée) est lumineuse par elle-même ; il ne faut pas entendre qu’elle reçoit son éclairement du soleil, mais que, par une sorte d’harmonie préétablie, elle se déplace en le suivant dans sa course, se tournant toujours vers la splendeur d’Hélios, absolument comme le fait, suivant Parménide, la face lumineuse de la lune (voir chap. VIII, 7). La présence du soleil au-dessus de l’horizon est donc par rapport au jour une circonstance concomitante ; ce n’est pas une cause.

On ne peut s’empêcher de remarquer que des conceptions analogues ne se rencontrent que chez Empédocle et Philolaos ; on est donc justifié à y reconnaître une idée spécialement pythagorienne et dont l’origine est peut-être due précisément à un rapprochement fait avec la direction vers le soleil du côté lumineux de la lune.

Pour Empédocle (voir sa Doxographie, 13, 14), qui a rejeté les couronnes d’Anaximandre, la partie lumineuse de l’atmosphère s’étend jusqu’à la voûte du ciel, que l’Agrigentin, comme Anaximène, suppose « crystalline ». La véritable source de lumière est cette moitié ignée de l’atmosphère ; ce qui nous appareil comme soleil est un reflet (ἁνταύγεια) de cette lumière sur la voûte crystalline, reflet qui se déplace en suivant le mouvement révolutif du

  1. Nouvelle preuve que les pythagoriens n’ont point eu de physique qui leur fut réellement propre.