Page:Tannery - Pour l’histoire de la science Hellène.djvu/286

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disent être vraies sont en effet, si nous voyons et si nous entendons juste, il faut que chaque chose reste telle qu’elle nous a paru d’abord, sans changer ni s’altérer, qu’elle soit toujours ce qu’elle est. Or, nous disons que notre vue, notre ouïe, notre intelligence sont justes; le chaud nous semble devenir froid et le froid chaud, le dur devenir mou et le mou dur, le vivant mourir ou naître du non-vivant; tout change, rien ne reste semblable à ce qu’il était; l’anneau de fer, tout dur qu’il est, s’use contre le doigt; de même, l’or, la pierre, et tout ce qui parait le plus solide; la terre et les pierres viendraient de l’eau; ainsi ce qui est, nous ne le voyons pas et ne le connaissons pas. Il n’y a, en tout cela, aucune concordance; nous disons qu’il y a nombre de formes éternelles et solides, et tout ce que nous voyons partout nous semble s’altérer et se transformer. Il est donc clair que nous ne voyons pas juste, mais aussi que c’est à tort que toutes ces choses nous paraissent être. Car si elles étaient vraies, elles ne changeraient pas, mais chacune serait telle qu’elle paraît; car rien ne peut triompher de l’être véritable. Or, dans le changement, ce qui est périt, ce qui n’est pas devient. Ainsi s’il y avait une pluralité d’êtres, il faudrait que chacun fût tel que l’un.