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POUR L’HISTOIRE DE LA SCIENCE HELLÈNE.

de bleu de guède et d’igné, en figures arrondies et en flèches, en sorte que l’étincelant coexiste avec le noir.

78. La couleur de noix verte (καρύινον) est mélangée de vert et d’azur. En y ajoutant du blanc (?) on a la couleur de feu, car la disparition des ombres entraîne celle de la teinte sombre. L’addition de rouge et de blanc rend de même le vert tendre et clair ; c’est pourquoi les plantes sont d’abord vertes avant de se faner à la chaleur. Voilà les couleurs qu’il énumère, en ajoutant que les nuances sont innombrables comme les saveurs, suivant les mélanges et selon qu’on enlève ceci, qu’on ajoute cela, qu’on met moins de l’un, plus de l’autre. Car il n’y aura jamais similitude d’une combinaison à l’autre.

79. En premier lieu, il y a là quelque difficulté dans le nombre des couleurs primordiales ; car d’ordinaire on ne reconnaît comme simples que le blanc et le noir. En second lieu, on combattra la distinction de deux sortes de blanc, l’un pour les corps durs, l’autre pour les friables. S’il y a quelque raison à assigner des causes différentes lorsque les corps diffèrent au toucher, la cause ne devrait pas être cherchée dans la figure, mais plutôt dans la disposition ; car il est possible que des corps arrondis et en général quelconques fassent ombre les uns sur les autres. La preuve est que lui-même le croit pour les corps lisses qui paraissent noirs, ce qu’il attribue à leur constitution, ordonnée comme celle du noir. Inversement, pour les corps blancs qui ont des aspérités, il les forme de grandes figures à liaisons non arrondies, mais en lignes brisées et découpées comme un escalier ou comme les ouvrages avancés devant les remparts ; car de cette façon il peut ne pas y avoir d’ombre et il n’y a pas d’empêchement pour le brillant.

80. D’autre part, comment dit-il que chez quelques animaux le blanc devient noir, quand ils sont disposés de façon qu’il y ait ombre portée ? — Mais en général il semble plutôt exposer la nature du diaphane et du brillant que du blanc. Car la transparence et l’existence de pores continus appartient au diaphane. D’autre part, dire que pour les corps blancs les pores sent directement continus, que pour les noirs ils ne se suivent pas, est à entendre comme s’il y avait une substance qui y pénètre ; il dit au contraire que l’on voit par suite d’une effluve et d’une image dans l’œil. S’il en est ainsi, qu’importe-t-il que les pores se suivent directement ou non ? Il n’est pas d’ailleurs facile d’admettre qu’il y ait en quelque sorte une effluve partant du vide ; c’est un point