Page:Tannery - Pour l’histoire de la science Hellène.djvu/385

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relatifs aux nombres depuis l’unité jusqu’à la décade et rentrant dans la physique, dans l’éthique et encore et surtout dans la théologie ; ainsi il te sera plus facile et très simple de recevoir l’enseignement des trois introductions suivantes, je veux dire de la Musique, de la Géométrie et de la Sphérique. »

Ainsi Iamblique annonce, avant de passer aux trois autres sciences mathématiques, un seul traité, que l’abondance des matières lui aura fait diviser en trois livres, mais qu’il considère comme faisant essentiellement partie de l’arithmétique. On voit aussi, qu’en dehors des considérations générales (qu’on peut croire, étant donné Iamblique, avoir été passablement étendues, mais sans intérêt majeur), ce traité devait surtout être constitué par des développements sur les propriétés mystiques des dix premiers nombres, les seuls qui paraissent jamais avoir été l’objet de spéculations de ce genre.

4.. La perte des trois livres en question de Iamblique est compensée pour nous dans une certaine mesure par l’existence de cette petite compilation anonyme dont j’ai déjà parlé et qui est intitulée les Théologoumènes de l’arithmétique (éditée en dernier lieu par Ast, Leipzig, 1817). La date de cette compilation ne peut guère être précisée ; l’auteur le plus récent qu’elle cite est Anatolius, qui fut un des maîtres de Iamblique et qui avait écrit lui-même dix livres sur les nombres successifs de la décade. On a attribué les Théologoumènes à Iamblique et prétendu que cet ouvrage représentait son livre VII. Cette opinion ne peut se défendre ; ce n’est ni son style, ni ses procédés de compilation ; la citation faite par Syrianos ne peut s’y retrouver ; enfin et surtout les Théologoumènes correspondent, non pas au livre VII seul, mais bien aux livres V, VI et VII de Iamblique. Ils exposent, en effet, pour chacun des nombres de la décade pris successivement, à la fois les propriétés d’ordre physique, d’ordre éthique et d’ordre théologique ; nous y voyons, par exemple, pour le nombre 5, qu’il y a cinq éléments (propriété physique), que la pentade est au plus haut degré représentative de la justice (propriété éthique), qu’elle est appelée Némésis, etc. (propriété théologique).

Évidemment l’auteur a puisé aux mêmes sources que Iamblique ; certains passages se retrouvent exactement comme fond et sous une forme au moins très voisine, par exemple dans le traité arithmétique qui constitue le livre IV de Iamblique ; mais la confusion qui règne, à l’intérieur du chapitre consacré à chaque