Page:Theuriet - Les Paysans de l’Argonne, 1870.djvu/15

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Les rouges coups de feu se croisaient ; les blessés
Râlaient en se tordant au revers des fossés…
« Et maintenant, mes fils, marchons à l’arme blanche ! »
Dit un vieux paysan…

Dit un vieux paysan…Et comme une avalanche
De démons, dans la gorge on les vit se ruer,
Pour armes ayant pris tout ce qui peut tuer :
Le hoyau du sarcleur, le fléau de la grange
Et la serpe… Ce fut une sombre vendange,
Et les torrents gonflés, dans leur flot écumant,
Roulèrent plus d’un froid cadavre d’Allemand…

Lorsque tout fut fini, lorsque leur dernier homme,
Le front dans les roseaux, dormit son dernier somme,
Il se fit un silence. Alors, terrible et fier,
Debout sur le talus, tandis qu’un large éclair
Promenait sur les bois sa silhouette immense,
Le maître charbonnier cria : « Vive la France ! »