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MYSTIFICATIONS LITTÉRAIRES


Le Journal de Paris va plus loin encore. Son rédacteur, Invagator, le tribun Garrion-Nizas, élève neuf objections « irréfutables » contre l’existence de Clotilde. Pour lui, le marquis de Surville est l’auteur unique des prétendus poèmes de son aïeule.

Vanderbourg essaie cependant de réfuter. Il proclame sa bonne foi, il s’indigne.

« L’ignorance où ses contemporains et la posténité ont tenu, jusqu’à lui, la dame de Chalys n’a rien qui doive surprendre. N’en fut-il pas ainsi de Charles d’Orléans, jusqu’aux travaux de l’abbé Sallier ! Et quant à l’absence des manuscrits originaux, il faut bien s’incliner devant le fait brutal : leur disparition dans l’ouragan révolutionnaire. »

Vains efforts ; le seul résultat de son intervention fut de déplacer les responsabilités et de lui faire attribuer une paternité à tout prendre flatteuse. M. de Ségur le lui répète avec bonne grâce dans la Bibliothèque française, et plus ironiquement Cazalis, secrétaire général des Gobe-Mouches, lui envoie le diplôme de la société.

Au surplus, le malin préfacier avait-il atteint son but, à présent il est célèbre et désormais il ne protestera plus.