Page:Tolstoï - Anna Karénine, 1910, tome 1.djvu/12

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jour le divertissement d’Anna Karénine. Il ne lui manque que la moralité et le bon sens.

Il sera puni par la nécessité de se lier, de se river pour la vie à Anna Karénine délaissée ; par la nécessité de fuir avec elle à l’étranger, de briser une carrière qui se promettait à lui extrêmement brillante, et belle, et peut-être glorieuse.

Une aventure symbolique lui est arrivée, qu’il n’a pas comprise. En une course de chevaux, magnifique cavalier sur une jument admirable, après avoir franchi tous les obstacles, à deux pas d’être vainqueur, voyant le but presque à le toucher, jouissant déjà de son triomphe, déjà applaudi par les tribunes ; d’un faux mouvement irréfléchi il brise les reins de sa monture. Ainsi de sa carrière, ainsi de sa vie. Par un moment d’étourderie, il a brisé tout son avenir et l’a englouti dans la mort.

Ces trois personnages, tous trois coupables, seront tous trois punis par ce que Gambetta appelait la justice immanente des choses. Le roman s’arrête où leur châtiment commence, ou plutôt, où leur châtiment, déjà commencé, a tout son poids et va s’alourdir de plus en plus avec les années. Le roman finissant nous dit, “ Regardez-les dans leur avenir et voyez-les de plus en plus écrasés douloureusement par la fatalité qu’ils se sont faite ; je n’ai pas besoin de vous peindre cela. ”

En réplique de cette histoire douloureuse, l’histoire,