Page:Tolstoï - Anna Karénine, 1910, tome 1.djvu/211

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

« Bravo, Wronsky ! cria Pétritzky en sautant de sa chaise avec bruit. Le maître lui-même ! Baronne, servez-lui du café de la cafetière neuve. Nous ne t’attendions pas. J’espère que tu es satisfait de l’ornement de ton salon, dit-il en désignant la baronne. Vous vous connaissez, je crois ?

— Comment, si nous nous connaissons ! répondit Wronsky en souriant gaiement et en serrant la main de la baronne : nous sommes de vieux amis.

— Vous rentrez de voyage ? dit la baronne, alors je me sauve. Je m’en vais tout de suite, si je gêne.

— Vous êtes chez vous partout où vous êtes, baronne, répondit Wronsky. Bonjour, Kamerowsky, dit-il en serrant froidement la main de celui-ci.

— Jamais vous ne sauriez dire une chose aussi aimable, dit la baronne en s’adressant à Pétritzky.

— Pourquoi donc ? Après dîner, j’en ferais bien autant.

— Après dîner, il n’y a plus de mérite. Eh bien, je vais vous préparer votre café pendant que vous irez faire votre toilette, dit la baronne en se rasseyant et en tournant avec empressement le robinet de la nouvelle cafetière. — Pierre, donnez-moi du café, dit-elle en s’adressant à Pétritzky, qu’elle nommait Pierre à cause de son nom de famille, sans dissimuler sa liaison avec lui. J’en rajouterai.

— Vous le gâterez.

— Non, je ne le gâterai pas. Et votre femme ? dit tout à coup la baronne en interrompant la con-