Page:Tolstoï - Anna Karénine, 1910, tome 1.djvu/279

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— C’est ce que je voulais dire, Constantin Dmitritch ; il faut réparer les herses. Il va falloir labourer.

— Qu’avez-vous donc fait l’hiver ?

— Mais pourquoi faut-il un charpentier ?

— Où sont les palissades de l’enclos pour les veaux ?

— J’ai donné l’ordre de les remettre en place. Que voulez-vous qu’on fasse avec ce monde-là, répondit l’intendant en faisant un geste désespéré.

— Ce n’est pas avec ce monde-là, mais avec l’intendant qu’il n’y a rien à faire ! dit Levine s’échauffant. Pourquoi vous paye-t-on ? » cria-t-il ; mais, se rappelant à temps que les cris n’y feraient rien, il s’arrêta et se contenta de soupirer.

« Pourra-t-on semer ? demanda-t-il après un moment de silence.

— Demain ou après-demain, on le pourra derrière Tourkino.

— Et le trèfle ?

— J’ai envoyé Wassili et Mishka le semer ; mais je ne sais s’ils y parviendront, le sol est encore trop détrempé.

— Sur combien de dessiatines ?

— Six.

— Pourquoi pas partout ? — cria Levine en colère. Il était furieux d’apprendre qu’au lieu de vingt-quatre dessiatines on n’en ensemençait que six ; sa propre expérience, aussi bien que la théorie, l’avait convaincu de la nécessité de semer le trèfle