Page:Tolstoï - Anna Karénine, 1910, tome 1.djvu/360

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Alexis Alexandrovitch, n’ayant pu terminer la lecture de cette brochure le soir, l’acheva le matin. Puis vinrent les sollicitations, les rapports, les réceptions, les nominations, les révocations, les distributions de récompenses, les pensions, les appointements, les correspondances, tout ce « travail des jours ouvrables », comme disait Alexis Alexandrovitch, qui prenait tant de temps.

Venait ensuite son travail personnel, la visite du médecin et celle de son régisseur. Ce dernier ne le retint pas longtemps ; il ne fit que lui remettre de l’argent et un rapport très concis sur l’état de ses affaires, qui, cette année, n’était pas très brillant ; les dépenses avaient été trop fortes et amenaient un déficit.

Le docteur, un médecin célèbre, et en rapport d’amitié avec Karénine, lui prit, en revanche, un temps considérable. Il était venu sans être appelé, Alexis Alexandrovitch fut étonné de sa visite et de l’attention scrupuleuse avec laquelle il l’ausculta et l’interrogea ; il ignorait que, frappée de son état peu normal, son amie la comtesse Lydie avait prié le docteur de le voir et de le bien examiner.

« Faites-le pour moi, avait dit la comtesse.

— Je le ferai pour la Russie, comtesse, répondit le docteur.

— Excellent homme ! » s’écria la comtesse.

Le docteur fut très mécontent de son examen. Le foie était congestionné, l’alimentation mauvaise, le résultat des eaux nul. Il ordonna plus d’exercice