Page:Tolstoï - Anna Karénine, 1910, tome 1.djvu/384

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— Mon Dieu, que c’est pénible ! dit la princesse ; et comment tout cela s’est-il terminé ?

— Grâce à l’intervention de cette demoiselle en chapeau forme champignon : une Russe, je crois ; c’est elle qui la première s’est trouvée là pour prendre ce monsieur par le bras et l’emmener.

— Voyez-vous, maman ? dit Kitty à sa mère, et vous vous étonnez de mon enthousiasme pour Varinka ? »

Le lendemain Kitty remarqua que Varinka s’était mise en rapport avec Levine et sa compagne, comme avec ses autres protégés ; elle s’approchait d’eux pour causer, et servait d’interprète à la femme, qui ne parlait aucune langue étrangère. Kitty supplia encore une fois sa mère de lui permettre de faire sa connaissance, et, quoiqu’il fût désagréable à la princesse d’avoir l’air de faire des avances à Mme Stahl qui se permettait de faire la fière, édifiée par les renseignements qu’elle avait pris, elle choisit un moment où Kitty était à la source, pour aborder Varinka devant la boulangerie.

« Permettez-moi de me présenter moi-même, dit-elle avec un sourire de condescendance. Ma fille s’est éprise de vous ; peut-être ne me connaissez-vous pas… Je…

— C’est plus que réciproque, princesse, répondit avec hâte Varinka.

— Vous avez fait hier une bonne action, par rapport à notre triste compatriote », dit la princesse.

Varinka rougit.