Page:Tolstoï - Anna Karénine, 1910, tome 1.djvu/489

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d’intérêts et agirait ainsi avec peu de discernement ; plus tard, au milieu de tant d’autres affaires, il oublia celle-là. La fertilisation du gouvernement de Zaraï allait son train pendant ce temps comme par le passé, c’est-à-dire par la simple force d’inertie ; beaucoup de personnes continuaient à en vivre, entre autres une famille fort honorable dont chaque fille jouait d’un instrument à cordes (Alexis Alexandrovitch avait servi de père assis[1] à l’une d’elles). Les ennemis du ministère s’emparèrent de cette affaire, et la lui reprochèrent avec d’autant moins de justice qu’il s’en trouvait de semblables dans tous les ministères, que personne ne songeait à soulever. Puisqu’on lui avait jeté le gant, il l’avait hardiment relevé en exigeant la nomination d’une commission extraordinaire pour examiner et contrôler les travaux de fertilisation du gouvernement de Zaraï ; et, sans merci pour ces messieurs, il réclama en outre une commission extraordinaire pour étudier la question de la situation faite aux populations étrangères. Cette dernière question, également soulevée au comité du 2 juin, avait énergiquement été appuyée par Alexis Alexandrovitch, comme ne souffrant aucun délai, à cause de la situation déplorable faite à cette partie de la population. Les discussions les plus vives entre ministères s’ensuivirent. Le ministère hostile à Alexis Alexandrovitch prouva que la position des étrangers était florissante, qu’y toucher

  1. Celui qui remplace le père dans la cérémonie du mariage russe.