Page:Tolstoï - Anna Karénine, 1910, tome 1.djvu/80

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Bien : avec les huîtres, ce sera assez.

— Quel vin de table servirai-je ?

— Du Nuits ; non, donne-nous le classique chablis.

— Servirai-je votre fromage ?

— Oui, du parmesan. Peut-être en préfères-tu un autre ?

— Non, cela m’est égal », répondit Levine qui ne pouvait s’empêcher de sourire.

Le Tatare disparut en courant, les pans de son habit flottant derrière lui ; cinq minutes après, il était de retour, tenant d’une main un plat d’huîtres et de l’autre une bouteille.

Stépane Arcadiévitch chiffonna sa serviette, en couvrit son gilet, étendit tranquillement les mains, et entama le plat d’huîtres.

« Pas mauvaises, — dit-il en enlevant les huîtres de leurs écailles l’une après l’autre avec une petite fourchette d’argent, et en les avalant au fur et à mesure. — Pas mauvaises », répéta-t-il en regardant tantôt Levine, tantôt le Tatare d’un œil satisfait et brillant.

Levine mangea les huîtres, quoiqu’il eût préféré du pain et du fromage, mais il ne pouvait s’empêcher d’admirer Oblonsky. Le Tatare lui-même, après avoir débouché la bouteille et versé le vin mousseux dans de fines coupes de cristal, regarda Stépane Arcadiévitch avec un sourire satisfait, tout en redressant sa cravate blanche.

« Tu n’aimes pas beaucoup les huîtres ? dit