Page:Tolstoï - Anna Karénine, 1910, tome 2.djvu/301

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s’accrut en voyant Vassia baiser galamment la main de Kitty devant les personnes assemblées sur le perron.

« Nous sommes cousins, votre femme et moi, et d’anciennes connaissances, dit le jeune homme, serrant une seconde fois la main de Levine.

— Eh bien, demanda Oblonsky tout en saluant sa belle-mère et en embrassant sa femme et ses enfants, y a-t-il du gibier ? Nous arrivons avec des projets meurtriers, Weslowsky et moi. Comme te voilà bonne mine, Dolly ! » dit-il, baisant la main de celle-ci et la lui caressant d’un geste affectueux.

Levine, si heureux tout à l’heure, considérait cette scène avec humeur.

« Qui ces mêmes lèvres ont-elles embrassé hier, pensait-il, et de quoi Dolly est-elle si contente, puisqu’elle ne croit plus à son amour ? » Il fut vexé de l’accueil gracieux fait à Weslowsky par la princesse ; la politesse de Serge Ivanitch pour Oblonsky lui parut hypocrite, car il savait que son frère ne tenait pas Stépane Arcadiévitch en haute estime. Warinka, à son tour, lui fit l’effet d’une sainte nitouche, capable de se mettre en frais pour un étranger, tandis qu’elle ne songeait qu’au mariage. Mais son mécontentement fut au comble quand il vit Kitty répondre au sourire de ce personnage qui considérait sa visite comme un bonheur pour chacun ; c’était le confirmer dans cette sotte prétention.

Il profita du moment où l’on rentrait en cau-