Page:Tolstoï - Anna Karénine, 1910, tome 2.djvu/402

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

« J’ai regretté ton absence, dit-elle à son mari en lui racontant cette entrevue, ou du moins j’aurais voulu que tu pusses me voir par le trou de la serrure, car devant toi je serais devenue trop rouge, et n’aurais peut-être pas conservé mon aplomb ; vois comme je rougis maintenant ! »

Et Levine, d’abord plus rouge qu’elle, et l’écoutant d’un air sombre, se calma devant le regard sincère de sa femme, et lui fit, comme elle le désirait, quelques questions. Il déclara même qu’à l’avenir il ne se conduirait plus aussi sottement qu’aux élections, et ne fuirait plus Wronsky.

« C’est un sentiment si pénible que de craindre la vue d’un homme et de le considérer comme un ennemi », dit-il.


CHAPITRE II


« N’oublie pas de faire une visite aux Bohl, rappela Kitty à son mari, lorsque avant de sortir il entra vers onze heures du matin dans sa chambre. Je sais que tu dînes au club avec papa, mais que fais-tu ce matin ?

— Je vais chez Katavasof.

— Pourquoi de si bonne heure ?

— Il m’a promis de me faire faire la connaissance d’un savant de Pétersbourg, Métrof, avec lequel je voudrais causer de mon livre.

— Et après ?

— Au tribunal, pour l’affaire de ma sœur.