Page:Tolstoï - Anna Karénine, 1910, tome 2.djvu/465

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— Alexis Alexandrovitch Karénine et le comte Bessoubof, répondit gravement le suisse.

— La princesse Miagkaïa avait raison, pensa Oblonsky en montant l’escalier ; c’est une femme à cultiver, que la princesse ; elle a une grande influence, et pourrait peut-être dire un mot à Pomorsky. »

La nuit n’était pas encore venue, mais dans le petit salon de la comtesse Lydie les stores étaient baissés, et elle-même, assise près d’une table éclairée par une lampe, causait à voix basse avec Karénine, tandis qu’un homme pâle et maigre, avec des jambes grêles et une tournure féminine, de longs cheveux retombant sur le collet de sa redingote, et de beaux yeux brillants, se tenait à l’autre bout de la pièce, examinant les portraits suspendus au mur. Oblonsky, après avoir salué la maîtresse de la maison, se retourna involontairement pour examiner ce singulier personnage.

« Monsieur Landau, » dit la comtesse doucement et avec une précaution qui frappa Oblonsky.

Landau s’approcha aussitôt, posa sa main humide dans celle d’Oblonsky, auquel la comtesse le présenta, et reprit son poste près des portraits. Lydie Ivanovna et Karénine échangèrent un regard.

« Je suis très heureuse de vous voir aujourd’hui, dit la comtesse à Oblonsky, en lui désignant un siège. Vous remarquez, ajouta-t-elle à mi-voix, que je vous l’ai présenté sous le nom de Landau, mais vous savez qu’il se nomme comte Bessoubof ? Il n’aime pas ce titre.