Page:Tolstoï - Anna Karénine, 1910, tome 2.djvu/517

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

des vivats, et Serge Ivanitch, ainsi que sa compagne, furent presque renversés par les manifestations de l’enthousiasme public.

« Qu’en dites-vous, princesse ? cria tout à coup au milieu de la foule la voix ravie de Stépane Arcadiévitch, se frayant un chemin dans la mêlée. N’est-ce pas qu’il a bien parlé ? Bravo ! c’est vous, Serge Ivanitch, qui devriez leur dire quelques paroles d’approbation, ajouta Oblonsky de son air caressant, en touchant le bras de Kosnichef.

— Oh non ! je pars.

— Où allez-vous ?

— Chez mon frère.

— Alors vous verrez ma femme ; dites-lui que vous m’avez rencontré, que tout est « all right », elle comprendra ; dites-lui aussi que je suis nommé membre de la commission, elle sait ce que c’est, je lui ai déjà écrit. Excusez, princesse, ce sont les petites misères de la vie humaine, dit-il en se tournant vers la dame. Vous savez que la Miagkaïa, pas Lise, mais Bibiche, envoie mille fusils et douze sœurs infirmières ! Le saviez-vous ?

— Oui, répondit froidement Kosnichef.

— Quel dommage que vous partiez ! nous donnons demain un dîner d’adieu à deux volontaires, Bartalansky de Pétersbourg et notre Weslowsky, qui, à peine marié, part déjà. C’est beau, n’est-ce pas ? »

Et sans remarquer qu’il n’intéressait en rien ses interlocuteurs, Oblonsky continua à bavarder.

« Que dites-vous ? » s’écria-t-il lorsque la prin-