Page:Tolstoï - Anna Karénine, 1910, tome 2.djvu/527

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cer à l’avance par le télégraphe ; il fut donc obligé de se contenter d’un tarantass de louage trouvé à la station ; aussi son compagnon et lui atteignirent-ils Pakrofsky, vers midi, noirs de poussière.

Kitty, du balcon où elle était assise avec son père et sa sœur, reconnut son beau-frère et courut au-devant des voyageurs.

« Vous devriez rougir d’arriver ainsi sans nous prévenir, dit-elle en tendant son front à Serge Ivanitch.

— Vous voyez que nous avons pu éviter de vous déranger. Et voilà notre ami Michel Somenitch que je vous amène.

— Ne me confondez pas avec un nègre, dit en riant Katavasof ; quand je serai lavé, vous verrez que j’ai figure humaine, – et ses dents blanches brillaient dans sa figure empoussiérée.

— Kostia va être bien content ; il est à la ferme, mais il ne tardera pas à rentrer.

— Toujours à ses affaires, tandis que nous autres ne connaissons plus que la guerre de Serbie ! Je suis curieux de connaître l’opinion de mon ami à ce sujet ; il ne doit pas évidemment penser comme tout le monde.

— Mais je crois que si, répondit Kitty, un peu confuse, regardant Serge Ivanitch. Je vais le faire chercher. Nous avons papa pour le moment, qui revient de l’étranger. »

Et la jeune femme, profitant de la liberté de mouvements dont elle avait si longtemps été privée, se hâta d’installer ses hôtes, de faire prévenir son