Page:Tolstoï - Anna Karénine, 1910, tome 2.djvu/64

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

« J’ai compris, dit-elle en rougissant.

— Quel est ce mot ? demanda-t-il indiquant l’i du mot impossible.

— Cette lettre signifie impossible. Le mot n’est pas juste », répondit-elle.

Il effaça brusquement ce qu’il avait écrit, et lui tendit la craie. Elle écrivit : a, j, n, p, r, d.

Dolly apercevant sa sœur la craie en main, un sourire timide et heureux sur les lèvres, levant les yeux vers Levine qui se penchait sur la table en attachant un regard brillant tantôt sur elle, tantôt sur le drap, se sentit consolée de sa conversation avec Alexis Alexandrovitch ; elle vit Levine rayonner de joie ; il avait compris la réponse : « Alors je ne pouvais répondre différemment. »

Il regarda Kitty d’un air craintif et interrogateur.

« Alors seulement ?

— Oui, répondit le sourire de la jeune fille.

— Et… maintenant ? demanda-t-il.

— Lisez, je vais vous avouer ce que je souhaiterais ; et vivement elle traça les premières lettres des mots : « Que vous puissiez pardonner et oublier. »

À son tour il saisit la craie de ses doigts émus et tremblants, et répondit de la même façon : « Je n’ai jamais cessé de vous aimer ».

Kitty le regarda et son sourire s’arrêta.

« J’ai compris, murmura-t-elle.

— Vous jouez au secrétaire ? dit le vieux prince, s’approchant d’eux ;… mais si tu veux venir au théâtre, il est temps de partir. »