Page:Tolstoï - Conseils aux dirigés.djvu/273

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comme nous souffrons en croyant que la vérité complète, éternelle, nous est révélée par les Écritures, la tradition, ou l’Église. On aurait pu le croire dans les premiers temps du christianisme quand une religion universelle semblait possible ; mais, de nos jours, lorsque tant de confessions diverses se disputent le droit exclusif de connaître la vérité vraie, s’imaginer que nous seuls, appartenant à telle ou telle religion, bouddhique, musulmane, catholique, etc., possédons la vérité, est particulièrement absurde.

Cette conviction est surtout nuisible parce que c’est elle qui désunit le plus les hommes. Or, ils devraient se rapprocher, vivre unis, comme l’enseigne le Christ et comme nous le commandent notre raison et notre cœur.

D’ailleurs, on doit se souvenir qu’en croyant en telle ou telle révélation, — musulmane, bouddhique, chrétienne, — nous le faisons parce que la raison nous invite à y croire. Que nous le voulions ou non, aucune vérité ne saurait se manifester à nous en dehors de la raison. Celle-ci est comme le blutoir, ou le tamis adapté à la batteuse