Page:Tolstoï - Conseils aux dirigés.djvu/33

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tiendrait le propriétaire d’une maison devant l’affluence d’homme stationnant, sous la tempête et au milieu du froid, à la porte de cette demeure inoccupée, et demandant un asile : « Il ne faut pas laisser ces hommes dans la maison, parce qu’il est douteux qu’ils puissent s’y loger tous. » Laissez entrer ceux qui le demandent et, quand ils y seront installés, on verra bien si tous, ou du moins une partie, peuvent y tenir. Et si tous ne peuvent s’y loger, pourquoi n’y pas laisser entrer ceux qui y trouveront place ?

Il en est de même de la terre. Laissez-la, elle dont on a frustré les ouvriers, à ceux qui la réclament ; on verra après s’il y en a assez pour tous ou non.

Le motif invoqué du manque de terre pour les ouvriers actuellement occupés dans les fabriques est, d’ailleurs, mal fondé par essence. Si ces ouvriers se nourrissent aujourd’hui du pain qu’ils achètent, il n’y a pas de raison pour qu’au lieu d’acheter ce pain produit par les autres, ils ne labourent eux-mêmes cette terre qui le leur donnera,