Page:Tolstoï - Dernières Paroles.djvu/142

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actes humains et que le pouvoir ne fait qu’empêcher la manifestation de ces principes dirigeants de la vie humaine, le pouvoir se détruirait de lui-même, grâce à la non obéissance, et, principalement, comme dit Tucker, à la non participation à l’autorité. Leur réponse à la seconde question est que les hommes, débarrassés de la croyance superstitieuse à la nécessité du pouvoir, ne suivront que leur intérêt personnel, se grouperont eux-mêmes selon les formes de la vie les plus régulières et les plus avantageuses pour chacun.

Toutes ces doctrines ont tout à fait raison sur ce point que si le pouvoir doit être détruit ce ne peut être par la force, puisque le pouvoir restera le pouvoir, et qu’on ne peut atteindre ce résultat qu’en éclairant la conscience des hommes qui jugera que le pouvoir est inutile et nuisible, et que les hommes ne doivent ni lui obéir ni y participer. Cette vérité est indiscutable. Le pouvoir ne peut être détruit que par la conscience raisonnable des hommes. Mais en quoi doit consister cette conscience ? Les anarchistes supposent qu’elle peut être basée sur des considérations relatives au bien général, à la justice, au progrès, à l’intérêt personnel des hommes. Mais, sans relever que tous ces principes ne concordent pas entre eux, les définitions mêmes du bien général, de la